Zoom sur les « digital natives », les ados d’aujourd’hui
Réseaux sociaux, Smartphone, tablettes, jeux vidéo… les nouvelles technologies inondent le quotidien des ados. Quelles influences ont-elles sur nos jeunes ? Quelles limites fixer à son enfant ? Réponses avec le psychiatre Xavier Pommereau, spécialiste de l’adolescence et auteur du livre « Nos ados.com ».
Les jeunes sont accros aux nouvelles technologies.
Comment expliquer ce phénomène ?
Les adolescents d’aujourd’hui sont des enfants de la révolution numérique. Comme ils le disent si bien ce sont des « digital natives ». Ils ont appris à gérer leur propre image sur le Net. Ils s’affichent sous tous les angles sur Facebook et autres réseaux sociaux pour séduire et briller davantage. Car à l’adolescence, c’est l’exposition de soi qui prime. Paradoxalement, les jeunes sont souvent sédentaires dans leur quotidien, mais sont de grands nomades dans le monde virtuel, grâce à Internet et aux jeux vidéo. Ils sont sans cesse branchés pour émettre et recevoir des SMS, des images via leur téléphone, qui ne les quitte plus.
L’ordinateur et le portable leur permettent aussi d’échanger, de créer un personnage virtuel qui les représente : un avatar, à leur image ou pas, qui peut se déplacer dans divers environnements, réels ou fictifs, et à qui ils dictent des actes.
Face à cette omniprésence des nouvelles technologies dans le quotidien,
quelles barrières imposées à son ado ?
Il faut respecter des règles de base. Par exemple, il faut éviter d’installer l’ordinateur dans la chambre de son ado avant l’âge de 16 ans. Au moment du coucher, il est aussi préférable d’éteindre le portable ou de veiller à ce que son enfant le laisse hors de la chambre. Si la petite amie ou le copain envoie un message à 1h du matin, l’ado sera tenté d’y répondre, ce qui perturbera son sommeil.
Dans votre livre « Nos ados.com », vous dites que cette « digitalité » permet aux ados de prendre la main sur le monde.
Est-ce dangereux ?
Oui, cela peut être dangereux, mais c’est comme tout. Quand on abuse de quelque chose, c’est toujours néfaste. Néanmoins, contrairement à ce que l’on peut croire, les adolescents ne font pas n’importe quoi sur le Net. Ils ne vont pas regarder des choses trash, des sites dangereux ou nazis… Ils aiment surtout parler avec leurs amis sur les réseaux sociaux, mettre des photos d’eux, s’afficher. Il faut juste faire attention à ce que les relations virtuelles ne prennent pas le pas sur les relations sociales traditionnelles, au risque de les voir s’isoler. Les parents doivent toujours garder un œil attentif sur cette utilisation. Car certains jeunes en souffrance, utilisent aussi la toile à tort et à travers, pour exhiber leur mal-être. Il ne faut jamais oublier que les ados ont besoin des adultes. Les enfants laissent passer des messages en voulant que leurs parents s’intéressent à eux. Certains jeunes se réfugient aussi dans le virtuel pour se couper des réalités, comme ceux qui consomment des substances illicites.
Zoom sur les bienfaits thérapeutiques des jeux vidéo
Le monde virtuel peut avoir des vertus thérapeutiques et guérir certaines phobies. Comme le souligne Xavier Pommereau dans son livre « Nos Ados.com », les jeux vidéo peuvent permettre d’affronter des obstacles et des dangers, sans mettre réellement les jeunes en péril : les joueurs vivent des situations extrêmes par procuration, ce qui procure des sensations fortes sans risque. Une étude, publiée en avril 2012, confirme aussi les bienfaits des jeux virtuels. En effet, des chercheurs néo-zélandais affirment avoir mis au point un jeu vidéo (« Sparx »), permettant de combattre la dépression chez l'adolescent. Autant dire que rien ne sert de les diaboliser. Le principal étant d’encadrer l’usage de votre enfant.